Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/146

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22 à tourner, malgré vents et calme, le grand coude d’Amada, dont je dois étudier le temple important par son antiquité, au retour de la deuxième cataracte. Nous le dépassâmes enfin le 23 et arrivâmes à Derr ou Derri de très-bonne heure. Là je trouvai, pour consolation, un joli temple creusé dans le roc, conservant encore quelques bas-reliefs des conquêtes de Rhamsès-le-Grand, et j’y recueillis les noms et les titres de sept fils et de huit filles de ce Pharaon.

Le cachef de Derr, auquel on fit une visite, nous dit tout franchement que, n’ayant pas de quoi nous donner à souper, il viendrait souper avec nous ; ce qui fut fait : cela vous donnera une idée de la splendeur et des ressources de la capitale de Nubie. Nous comptions y faire du pain ; cela fut impossible, il n’y avait ni four ni boulanger. Le 24, au lever du soleil, nous quittâmes Derri, passâmes sous le fort ruiné d’Ibrim et allâmes coucher sur la rive orientale, à Ghébel-Mesmès, pays charmant et bien cultivé. Nous cheminâmes le 25, tantôt avec le vent, tantôt avec la corde, et il fallut nous consoler de ne pas arriver ce jour-là à Ibsamboul ; de beaux crocodiles prenaient leurs ébats sur un îlot de sable près du lieu où nous couchâmes.

Enfin, le 26, à neuf heures du matin, je débarquai à Ibsamboul, où nous avons séjourné