Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et que j’ai copiée, parce qu’elle présente un grand intérêt mythologique.

C’est aux mêmes divinités qu’était dédié le temple situé au nord d’Esnéh, dans une magnifique plaine, jadis cultivée, mais aujourd’hui hérissée de broussailles qui nous déchirèrent les jambes, lorsque, le 6 mars au soir, nous allâmes le visiter, en faisant à pied une très-longue course du Nil aux ruines, que nous trouvâmes tout nouvellement dévastées ; ce temple n’est plus tel que la Commission d’Égypte l’a laissé ; il n’en subsiste plus qu’une seule colonne, un petit pan de mur et le soubassement presque à fleur de terre : parmi les bas-reliefs subsistants j’en ai trouvé un d’Évergète Ier et de Bérénice sa femme ; j’ai reconnu les légendes de Philopator sur la colonne ; celles d’Hadrien sur une partie d’architrave ; et sur une autre, en hiéroglyphes tout à fait barbares, les noms des empereurs Antonin et Vérus. Le hasard m’a fait découvrir, dans le soubassement extérieur de la partie gauche du temple, une série de captifs représentant des peuples vaincus (par Évergète Ier, selon toute apparence), et, à l’aide des ongles de nos Arabes, qui fouillèrent vaillamment malgré les pierres et les plantes épineuses, je parvins à copier une dizaine des inscriptions onomastiques de peuples gravées sur l’espèce