Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/288

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En voilà assez sur Biban-el-Molouk. J’ai hâte de retourner à Thèbes, où l’on ne sera point fâché de me suivre. Je dois cependant ajouter que plusieurs de ces tombes royales portent sur leurs parois le témoignage écrit qu’elles étaient, il y a bien des siècles, abandonnées, et seulement visitées, comme de nos jours, par beaucoup de curieux désoeuvrés, lesquels, comme ceux de nos jours encore, croyaient s’illustrer à jamais en griffonnant leurs noms sur les peintures et les bas-reliefs, qu’ils ont ainsi défigurés. Les sots de tous les siècles y ont de nombreux représentants : on y trouve d’abord des Égyptiens de toutes les époques, qui se sont inscrits, les plus anciens en hiératique, les plus modernes en démotique ; beaucoup de Grecs de très-ancienne date, à en juger par la forme des caractères ; de vieux Romains de la république, qui s’y décorent, avec orgueil du titre de Romanos ; des noms de Grecs et de Romains du temps des premiers empereurs ; une foule d’inconnus du Bas-Empire noyés au milieu des superlatifs qui les précèdent ou qui les suivent ; plus, des noms de Coptes accompagnés de très-humbles prières ; enfin les noms des voyageurs européens que l’amour de la science, la guerre, le commerce, le hasard ou le désœuvrement ont amenés dans ces tombes solitaires. J’ai recueilli les plus remarquables