Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/323

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Mon but spécial était de constater l’époque encore inconnue de ces constructions et d’en assigner la destination primitive ; je m’attachai à l’examen des sculptures et surtout des légendes hiéroglyphiques inscrites sur les blocs isolés et les pans de murailles épars sur un assez grand espace de terrain.

Je fus d’abord frappé de la finesse du travail de quelques restes de bas-reliefs martelés à moitié par les premiers chrétiens ; et une porte de granit rose, encore debout au milieu de ces ruines en beau calcaire blanc, me donna la certitude que l’édifice entier appartenait à la meilleure époque de l’art égyptien.

Cette porte, ou petit propylon, est entièrement couverte de légendes hiéroglyphiques. On a sculpté sur les jambages, en relief très-bas et fort délicat, deux images en pied de Pharaons revêtus de leurs insignes. Toutes les dédicaces sont doubles et faites, contemporainement, au nom de deux princes : celui qui tient constamment la droite ou le premier rang, se nomme Aménenthé ; l’autre ne marche qu’après, c’est Thouthmosis III, nommé Mœris par les Grecs.

Si j’éprouvai quelque surprise de voir ici et dans tout le reste de l’édifice, le célèbre Mœris, orné de toutes les marques de la royauté, céder ainsi le pas à cet Aménenthé qu’on chercherait