Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/324

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en vain dans les listes royales, je dus m’étonner encore davantage, à la lecture des inscriptions, de trouver qu’on ne parlât de ce roi barbu, et en costume ordinaire de Pharaon, qu’en employant des noms et des verbes au féminin, comme s’il s’agissait d’une reine. Je donne ici pour exemple la dédicace même des propylons.

« L’Aroëris soutien des dévoués, le roi seigneur, etc., Soleil dévoué à la vérité ! (Elle) a fait des constructions en l’honneur de son père (le père d’elle), Amon-Ra, seigneur des trônes du Monde ; elle lui a élevé ce propylon (qu’Amon protège l’édifice !) en pierre de granit : c’est ce qu’elle a fait (pour être) vivifiée à toujours. »

L’autre jambage porte une dédicace analogue, mais au nom du roi Thouthmosis III, ou Mœris.

En parcourant le reste de ces ruines, la même singularité se présenta partout. Non-seulement je retrouvai le prénom d’Aménenthé précédé des titres le roi souveraine du monde, mais aussi son nom propre lui-même à la suite du titre la fille du soleil. Enfin, dans tous les bas-reliefs représentant les dieux adressant la parole à ce roi Aménenthé, on le traite en reine comme dans la formule suivante :

« Voici ce que dît Amon-Ra, seigneur des trônes du monde, à sa fille chérie, soleil dévoué