Page:Champsaur - Homo-Deus, Ferenczi, 1924.djvu/24

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nier, tu sais bien, le professeur dont tu aimais les leçons. Aujourd’hui, c’est un praticien émérite, il gagne beaucoup d’argent : il a mal tourné !... Mais son fils Georges, qui jadis te tenait compagnie, collabore avec nous. ...Ah ! ça me fait très plaisir de te retrouver !

Une splendide limousine était rangée contre le trottoir. Vanel dit quelques mots rapides au chauffeur, au visage bronzé entouré d’un turban de soie, aux traits ascétiques et aux oreilles ornées de boucles d’or — son chauffeur hindou — qui descendit, ouvrit la portière. Le savant, suivi de ses deux invités, monta dans l’auto qui démarra et fila aussitôt vers la porte de Saint-Cloud.

Elle emportait trois hommes en apparence semblables, et pourtant si différents. L’un, Fortin, venait de jongler, pour ainsi dire, de renaniser physiquement, quasi immatériellement, avec le problème des âmes ; le second, l’ardent communiste russe, synthétisait, très nettes, les aspirations vagues d’une grande masse humaine amortie et inerte, d’une nation jusque-là immobilisée dans sa vieillesse séculaire, avait proclamé, à Moscou, avec Lénine et des camarades de folie, la république des misérables. Quant au troisième, le docteur Vanel, plus puissant et plus méphistophélique d’aspect, aux yeux agressifs, mystérieux, hallucinants, il avait quelque chose d’un mage ou d’un sorcier.

Qui était ce Marc Vanel ? Comme les deux autres, Jean Fortin, Tchitchérine, il avait le front illuminé de ceux qui fréquentent le temple des vérités éternelles.

Et ce livre va montrer cet Homme-Dieu.