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==== III ====

LE NID ROUGE

La maison du docteur Fortin se dissimulait sur les hauteurs de Saint-Cloud, au milieu d’une immense propriété fort mal tenue, où les plus belles plantes et les arbres les plus magnifiques se mêlaient à des ronces monstrueuses, vivaces, pareilles à des lianes de forêt vierge.

L’entrée franchie (une modeste porte normande, abritée d’un toit de chaume), on se trouvait dans un parc à l’abandon, où les allées, jamais ratissées, ressemblaient à ces routes vagues que l’on suit dans le désert et que la brousse obstrue de temps à autre. Dans les espaces qui avaient été, autrefois, des pelouses vertes sans doute et bien tondues, il y avait, maintenant, des herbes sauvages, des orties très hautes, toute une végétation effrénée de plantes mauvaises, d’où s’élançait pourtant, de-ci, de-là, la tige forte d’un bel iris.

Tout au long d’un mur en ruines, aux pierres couvertes de pousses épaisses, des ronces avaient surgi, qui grimpaient orgueilleusement vers le ciel, en s’agrippant aux troncs des arbres proches et aux aspérités de la clôture. Mais, comme si la Beauté avait voulu garder quand même ses droits, plus haut que les ronces montaient les tiges des rosiers : par-dessus le mur, dominant les ruines, les mousses, les herbes mauvaises et les orties, de magnifiques roses s’épanouissaient, plus fières et plus belles d’avoir vaincu les ronces étouffantes.

Des pins avaient jonché la terre, depuis des années, de leurs aiguilles tombées à chaque automne, et cela faisait un beau tapis moelleux sur lequel avaient poussé des fougères splendides. Parfois, d’un épais fourré, jaillis