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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Pendant que l’intendant s’occupait de colonisation et de recensement, le gouverneur s’engageait dans une entreprise moins pacifique. Nous avons dit qu’il était doué d’un caractère ardent. Il ne pouvait lui convenir de demeurer inactif durant les longs mois d’hiver. Avec l’assentiment de M. de Tracy, il résolut de tenter une expédition contre les Iroquois, malgré les rigueurs de la saison. Ces barbares n’avaient pas appris sans inquiétude l’arrivée des troupes envoyées par le roi de France pour les châtier. Dès le commencement de décembre des ambassadeurs Onnontagués étaient venus à Québec solliciter la paix, et le célèbre Garakonthié avait adressé à M. de Tracy une longue et éloquente harangue, accompagnée de présents[1]. Mais les Onneyouts et surtout les Agniers continuaient leurs incursions sanglantes. M. de Courcelle se persuada qu’une campagne vigoureuse dirigée contre ces derniers en plein hiver les frapperait d’une salutaire frayeur. Il ne se rendait malheureusement pas compte des difficultés terribles qu’il y aurait à surmonter.

Parti de Québec le 9 janvier avec M. du Gas, son lieutenant, M. de Salampar, gentilhomme volontaire, le P. Raffeix, et quelques troupes, le 16 il arrivait aux Trois-Rivières, où M. Boucher avait tout disposé. Déjà plusieurs soldats avaient terriblement souffert du froid. Les capitaines de la Fouille, Maximin et de Laubia, du régiment de Carignan, vinrent joindre M. de Courcelle

  1. — Au mois de décembre, un traité fut conclu entre MM. de Tracy, de Courcelle et Talon et des envoyés du canton d’Onnontagué, en leur nom et au nom des Tsonnontouans, des Onneyouts et des Groyogouins. (Traité de paix conclu avec les ambassadeurs iroquois : Arch. prov. Man. N. F. 1ère série,vol. I).