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JEAN TALON, INTENDANT

fruits, et, dès l’année suivante, Colbert envoyait de nouveaux secours à la colonie, dont il avait vraiment à cœur la prospérité et le progrès.

Dans cette lettre du 5 avril 1666, le ministre répondait aussi à l’intendant au sujet de la compagnie des Indes Occidentales. Il lui disait : « L’autre raisonnement que vous faites sur l’abandonnement que le roi a fait du pays à la compagnie des Indes Occidentales et les inconvénients que vous en appréhendez, peut être aussi combattu par une raison qui est capable, elle seule, de détruire toutes les autres que vous apportez au contraire. C’est que nous avons vu par expérience, que cette colonie n’est tombée dans l’état languissant où elle a été jusqu’ici que parce que l’ancienne compagnie était trop faible, et parce que cette même compagnie l’a ensuite abandonnée entre les mains des habitants, et si vous étudiez bien ce qui s’est passé sur ce fait-là, vous demeurerez d’accord que ces deux causes ont produit la désertion des anciens colons et empêché que d’autres ne s’y soient allés établir comme ils auraient fait assurément si une compagnie puissante comme celle-ci les avait soutenus. Il est constant que vous aurez trouvé de grandes difficultés dans les commencements et par l’inexpérience et peut-être par l’avidité des agents et commis de la compagnie ; mais vous en serez bientôt sorti par les remèdes que la compagnie même y aura apportés et par les soins qu’elle prendra de révoquer ceux de ses agents et commis qui auront quelque emportement, pour en substituer d’autres plus modérés en leur place. » Il n’était pas surprenant que Colbert défendît la compagnie qui était son œuvre. Il annonçait cependant que Sa Majesté avait fait consentir cette dernière à se relâ-