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JEAN TALON, INTENDANT

si le lieu la souffre, et que l’étendue de chaque habitation doit être d’autant de terre qu’il en faut pour, étant distribuée en vingt, trente, quarante ou cinquante parts, donner quarante arpents à chacune d’icelles, et ce nombre d’habitations différent et inégal fera les bourgs, villages et les hameaux selon l’exigence du terrain. » Nous avons ici la clef du système adopté par Talon pour coloniser les environs de Québec. C’est d’après ces principes que furent établis les villages qui ont donné naissance à la belle paroisse de Charlesbourg. Jetez un regard sur le plan cadastral de ce territoire, et vous y verrez nettement accusée cette forme carrée que Talon mentionnait comme l’une de celles qu’il convenait d’adopter. Bourg-Royal, le village de Charlesbourg[1] sont là devant nos yeux. Les terres partent en pointe d’un petit carré intérieur qui forme le centre, et vont aboutir, en s’élargissant toujours, aux quatre côtés du grand carré. Elles rayonnent comme les feuillets d’un éventail, dont les extrémités seraient coupées à angle droit. C’était là ce plan dont parlait Talon dans sa lettre du 4 octobre 1665, quand il disait : « Je projette une forme de défrichement pour bâtir une première bourgade ; quand elle sera tout à fait résolue je vous en enverrai le plan. » Il obtenait ainsi ce rapprochement des habitations tant désiré et recommandé par Louis XIV et Colbert. Les terres étaient triangulaires, et les habitations construites aux sommets des triangles se trouvaient toutes groupées autour du carré ou du trait-carré central, où devait

  1. — Le village de Charlesbourg fut établi par les Jésuites, seigneurs de Notre-Dame-des-Anges. Mais nous avons tout lieu de croire que la forme triangulaire des terres fut imitée de celles de Bourg-Royal.