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JEAN TALON, INTENDANT

sous notre plume. Le retour de ces religieux au Canada fut un événement assez considérable pour que nous nous y arrêtions quelques instants. Ils avaient été les premiers missionnaires de ce pays, en 1615. Quelques années plus tard, en 1625, ils appelèrent les Jésuites à leur aide. Les uns et les autres furent forcés de retourner en France en 1629, lorsque les frères Kertk prirent Québec. Après un intervalle de trois ans, le Canada ayant été rendu à la France en vertu du traité de St-Germain-en-Laye, les Jésuites repassèrent ici et furent pendant longtemps les seuls ministres de la religion dans la colonie. Les Récollets essayèrent à plusieurs reprises de revenir, mais inutilement. Plusieurs de leurs écrivains ont accusé les Jésuites d’y avoir secrètement mis obstacle, imputation que ces derniers ont toujours repoussée avec énergie[1]. L’examen de ce débat serait ici un hors-d’œuvre. En 1669, les circonstances favorisèrent le retour des fils de St-François. Nous avons vu quels étaient les sentiments de M. Talon au sujet de l’autorité spirituelle, de la trop grande rigueur de l’évêque et des Jésuites, de « la gêne des consciences. » Nos lecteurs se rappellent qu’il avait suggéré l’envoi au Canada de « quatre ecclésiastiques entre les séculiers ou les réguliers, les faisant bien autoriser pour l’administration des sacrements, sans qu’ils puissent être inquiétés. » Au printemps de 1669, il détermina le roi

  1. — Pour les causes qui empêchèrent le retour des Récollets après 1632, on peut consulter avec avantage l’Histoire de la colonie française par l’abbé Faillon, vol. I, p. 279 et suivantes. Voir aussi Les Jésuites et la Nouvelle-France, par le P. de Rochemonteix, vol. I, pp. 184 et suivantes, et le Premier établissement de la foi, par le P. Chrétien Leclercq, II, p. 465.