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DE LA NOUVELLE-FRANCE

tion au fait de la guerre[1]. » L’année suivante, après son retour à Québec, Talon écrivait à Colbert : « Mon dit sieur de Courcelle que j’ai entretenu sur ce que le roi désire qu’il fasse agir les habitants, les rassemblant de temps en temps pour les dresser au maniement et port des armes, a promis de le faire, et m’assure qu’il n’y manquera pas. Je crois qu’il serait bon de leur distribuer des drapeaux après qu’ils seront mis sous un chef en forme de compagnie. J’ai dit à mon secrétaire d’en faire la dépense, supposé que Sa Majesté l’ait agréable, de même que celle qu’il conviendra faire pour acheter quelques épées de médiocre valeur pour leur proposer en prix afin de les exciter à s’exercer à tirer adroitement aux jours de dimanches et fêtes[2]. » Petit à petit l’organisation de la milice canadienne prit son développement régulier. Dans nos paroisses et seigneuries les capitaines des côtes firent leur apparition. Outre leurs fonctions militaires, on les chargea de quelques fonctions civiles ; ils eurent, par exemple, à faire exécuter les ordonnances des gouverneurs et des intendants. Pour reconnaître leurs services, on leur accorda certains honneurs et préséances, comme ceux de marcher les premiers dans les processions, de recevoir le pain bénit avant les autres fidèles, etc. L’institution des capitaines des côtes, ou de milice, a duré plus de deux siècles dans sa

  1. Collection de Mémoires et de Relations sur l’histoire ancienne du Canada — Le secrétaire de Talon, Patoulet, écrivait, le 11 novembre 1669 : « L’air de ce pays rend les hommes guerriers, et pour peu qu’ils soient instruits du fait de la guerre, ils la feront fort bien. »
  2. Talon à Colbert, 10 novembre 1670 ; Arch. prov. Man. N.-F., 1ère série, vol. I.