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JEAN TALON, INTENDANT

dans le cours de septembre 1671, outre M. de Saint-Lusson, M. de la Nauraye ; qu’ils étaient partis tous deux en canot, mais non pas le même jour, ni par la même voie ; qu’ils étaient chargés d’instructions pour le service de Sa Majesté ; qu’ils devaient rechercher quelle serait la meilleure route pour l’Acadie et dresser des mémoires ; que de plus, au mois de mai, l’intendant avait dépêché à la Baie Française (aujourd’hui la Baie de Fundy) une barque sous le commandement du sieur Randin, et qu’il y avait expédié des hardes et des denrées ; qu’après avoir été inquiet de ce petit bâtiment, il avait eu la satisfaction de le voir revenir à Québec, au commencement de novembre, chargé de six mille livres de viandes salées, à raison de deux sous la livre[1]. Cet essai de trafic entre l’Acadie et le Canada encouragea l’intendant. Il écrivit à Colbert, le 11 novembre 1671 : « Je crois à présent plus fortement que lorsque j’ai écrit ma dernière dépêche que l’Acadie sera en peu d’années en état de fournir aux Antilles les chairs salées nécessaires à leur usage. Et pour que ce secours soit plus prompt, j’estime qu’il faudrait interrompre sans violence le commerce que font les Anglais avec les sujets du roi, desquels ils tirent tous les ans quantité de viande en échange de quelques droguets et autres étoffes de la fabrique de Boston, ce qui se peut, à mon sentiment, assez naturellement, faisant passer de France ou d’ici quelque peu d’étoffe pour fournir aux besoins plus pressants, même quelques métiers que les colons me demandent pour employer à leur usage les laines de leurs moutons et le chanvre que la terre leur donne aidée de

  1. Collection de Manuscrits, I, pp. 213, 216, 217.