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JEAN TALON, INTENDANT

pays. Ce triple commerce, de Québec aux îles, des îles en France et de France au Canada devait se faire en un an[1]. En 1672, deux navires de Québec allèrent aux Antilles avec leur cargaison. En 1681, l’intendant Duchesneau écrivait que depuis son arrivée, en 1675, deux vaisseaux au moins chaque année étaient allés aux îles, et, qu’une année, quatre vaisseaux avaient fait ce voyage[2]. C’était vraiment un fait économique considérable, pour la petite colonie canadienne, que l’établissement de cette rotation commerciale entre la mère-patrie, la Nouvelle-France et les Indes Occidentales. Bien dirigé, bien exploité, ce mouvement de trafic pouvait contribuer puissamment à la prospérité du Canada. Colbert et Talon en saisissaient toute l’importance., « Ce commencement de commerce, écrivait le ministre à l’intendant, a été fort agréable à Sa Majesté ; et comme il produira assurément des avantages considérables aux habitants du pays, s’ils s’appliquent à le soutenir et à l’augmenter, excitez-les fortement à faire bâtir de nouveaux vaisseaux et à s’en servir pour le transport de leurs bois et denrées aux îles, y charger des sucres, les apporter en France, et de là reporter aux dits pays les denrées et autres marchandises qui leur sont nécessaires[3]. » Talon, toujours soucieux des intérêts du Canada, avait écrit au ministre pour lui demander une remise de droits sur le sucre ainsi transporté dans le royaume par les vaisseaux de la colonie. Colbert se rendit

  1. Lettres de la Mère de l’Incarnation, II, p. 446.
  2. Histoire des Canadiens-Français, par Benjamin Suite, vol. V, p. 28.
  3. Lettres, Instructions, etc., p. 512 ; Colbert à Talon, 11 février 1671.