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JEAN TALON, INTENDANT

logne et en Italie. Mestre de camp à vingt-quatre ans, maréchal de camp[1] à vingt-sept, sa carrière militaire avait été couronnée en 1669 par l’expédition de Candie, dans laquelle il commandait les troupes vénitiennes, qui agissaient de concert avec un contingent français. Honneur d’autant plus grand que le choix de Frontenac était dû à Turenne[2]. En 1648, il avait fait un mariage romanesque avec Anne de La Grange-Trianon, qui devint célèbre par ses expéditions durant la Fronde, aux côtés de la princesse de Montpensier. Sa beauté et son esprit étaient renommés[3]. Mais son union avec Frontenac fut parfois orageuse. Les caractères étaient peut-être trop semblables pour que l’entente fût parfaite. Les campagnes et les gouvernements de Frontenac les tinrent presque constamment éloignés l’un de l’autre. Toutefois leurs relations restèrent amicales, et la comtesse rendit de loin de réels services à son mari[4].

Frontenac avait de grandes qualités et de grands défauts : de la vivacité dans l’intelligence, de la hauteur

  1. — Le grade de mestre de camp correspondait alors à celui de colonel ; celui de maréchal de camp au grade de général de brigade ; celui de lieutenant général au grade de général de division.
  2. — Une ambassade vénitienne était venue à Paris pour solliciter du secours contre les Turcs qui avaient attaqué Candie, et pour demander un officier français auquel ils donneraient le commandement de leurs troupes. Ils prièrent Turenne de leur désigner quelqu’un ; et le grand homme de guerre nomma Frontenac.
  3. — Dans les cercles mondains de l’époque, madame de Frontenac et son amie mademoiselle d’Outrelaise étaient appelées « les Divines. »
  4. — Le seul fils né de leur mariage fut tué très jeune dans une bataille en Allemagne.