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DE LA NOUVELLE-FRANCE

de toutes les qualités qu’on pût souhaiter ; ils avaient tous une taille avantageuse et un air de bonté qui leur attirait le respect et l’amitié des peuples ; ils joignaient à cet extérieur prévenant, beaucoup d’esprit, de douceur et de prudence, et s’accordaient parfaitement pour donner une haute idée de la puissance et de la Majesté Royale ; ils cherchèrent tous les moyens propres à former ce pays, et y travaillèrent avec une grande application. Cette colonie sous leur sage conduite prit des accroissements merveilleux, et selon les apparences on pouvait espérer qu’elle deviendrait florissante »[1].

Il tardait à Talon de se mettre en contact avec les établissements de ce pays nouveau qu’il allait administrer. L’anecdote qui suit nous en donne une preuve assez amusante. Elle nous est racontée par le même auteur que nous venons de citer : « La Mère Marie de Saint-Bonaventure, notre supérieure, n’avait pas manqué d’écrire à ces messieurs avant qu’ils fussent débarqués, afin de les engager à protéger notre Hôtel-Dieu, et dès le jour que monsieur Talon descendit à terre, il se fit conduire ici, sans suite et fort simplement ; il

  1. Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, imprimée à Montauban, chez Jérôme Legier, imprimeur du roy. Cet ouvrage avait été composé par la célèbre Mère Juchereau de St Ignace, née en 1650, entrée à l’Hôtel-Dieu en 1664, morte en 1723. La mère Duplessis de Ste-Hélène, femme distinguée, sœur du Père Duplessis, jésuite et prédicateur de renom, mit la dernière main à la rédaction de ce livre. La Mère Juchereau déclare, dans une épître dédicatoire à ses sœurs en religion, qu’elle a beaucoup puisé dans les mémoires écrits ; par la Mère St-Bonaventure, l’une des trois premières hospitalières venues de France, ainsi que dans divers manuscrits des Mères St-Augustin et de la Nativité.