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à m. le sénateur pascal poirier

Une fois désarmés, les pauvres paysans
Restaient à la merci d’implacables tyrans
Tourmentés du désir de les charger d’entraves,
Et bientôt, au mépris de traités solennels,
Sous les parvis sacrés, en face des autels,
On faisait prisonnier tout un peuple de braves.

On jeta tout un peuple au fond de noirs vaisseaux.
Dans ces cercueils géants balancés par les eaux
En hâte on entassa, sans honte et sans mystère,
Hommes, femmes, enfants et vieillards, ― séparant
De l’épouse aux abois l’époux morne et pleurant,
Le frère de la sœur, la fille de la mère.

On promena la torche à travers les hameaux,
On dévasta les blés, on sema tous les maux,
Et Néron dans sa tombe acclama la victoire
D’orgueilleux conquérants sur d’humbles laboureurs.
Au nom de la justice, on commit des horreurs
Qui devront à jamais faire rougir l’Histoire.