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à m. le sénateur pascal poirier


La persécution, les traquant jour et nuit,
Jusque sous le soleil de l’étranger les suit,
Et cherche à leur ravir leur auguste croyance ;
Le fanatisme en fait en tous lieux des martyrs,
Et les sombres cachots entendent les soupirs
De proscrits accusés d’aimer toujours la France.

Ceux qui n’ont pas sur eux l’ombre de la prison,
Errent, mornes, les yeux rivés sur l’horizon,
Amaigris par la faim qui souvent les tourmente,
Veufs d’un dernier espoir pour toujours envolé,
Torturés par l’ennui poursuivant l’exilé,
À qui tout parle, hélas ! de la patrie absente.
 
L’univers tout entier a déploré l’exil
De ces preux que toujours fascina le péril,
Qui surent triompher des plus fières cohortes,
Qui, vaincus par le bras du sort capricieux,
Furent disséminés aux quatre vents des cieux,
Comme au souffle du nord l’essaim des feuilles mortes.