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la liberté éclairant le monde

Rêvant de vivre en paix dans le vaste domaine
Dont un marin avait doté la race humaine,
Des opprimés, des serfs, de fiers aventuriers,
De rudes laboureurs, de mâles ouvriers,
Accoururent en foule y déployer leur tente.
Hélas ! ces bords allaient décevoir leur attente,
Et, pour fouiller le sol du nouveau continent,
Pour semer dans la nuit l’avenir rayonnant,
Pour faire du désert une douce patrie,
Ils eurent à lutter contre la barbarie ;
Et nul ne fut plus grand que ces obscurs héros,
Qui, sans pain, sans souliers, sans trêve et sans repos,
Refoulaient les Indiens dans leurs affreux repaires.
Ils surent triompher, et des jours plus prospères
Brillèrent sur leurs prés fécondés de leur sang.
Mais le fauve Sioux, l’Iroquois rugissant,
Le féroce Algonquin, sous leur rude enveloppe,
N’étaient pas plus cruels que les rois de l’Europe ;
Et tous les malheureux, tous les pauvres vassaux,
Qu’on avait vus jadis, sur de frêles vaisseaux,
Franchir l’immensité de l’Océan qui gronde,
Pour venir demander aux bords du nouveau monde.