Page:Chapman - Les Aspirations, 1904.djvu/176

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Au-dessus du savant, au-dessus du guerrier,
Au-dessus de l’artiste, au-dessus du laurier
Qui couronne le front où le génie éclate,
Le poète aperçoit ce généreux esprit,
Qui, dans un pauvre aimant un autre Jésus-Christ,
Verse à ses pieds son or ainsi qu’un aromate.

Hélas ! celui qui fait couler son or à flots
Pour apaiser la faim, supprimer les sanglots,
Est un heureux bien rare à l’époque où nous sommes :
Une fatale angoisse étreint tous les cerveaux,
Et l’aveuglant soleil des grands progrès nouveaux
Semble pétrifier le cœur de tous les hommes.

Presque toujours le riche est un triste insensé ;
Il ne plonge jamais son œil dans le passé,
De l’avenir jamais il ne lève les voiles ;
Rien de grand, rien de beau ne l’enflamme, et pour lui
Les fleurs de la pensée exhalent de l’ennui,
Les champs sont sans parfums et les cieux sans étoiles.