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les aspirations


Où l’on croit écouter, en foulant les prés verts,
La respiration de l’immense univers,
Lui n’entend que le cri du grillon dans les herbes ;
Où l’on voit ondoyer une mer d’épis blonds,
Lui calcule en secret, courbé sur les sillons,
Combien ses grands blés mûrs devront donner de gerbes.

Et jamais il ne va rêver au bord des eaux,
Ouïr le frais concert de l’oncle et des roseaux,
Humer des goémons la senteur âcre et douce ;
Rarement on le voit cueillir des fleurs au champ,
Jamais on ne le voit attendri par un chant
Qui sort d’une fenêtre ou bien d’un nid de mousse.

Et, sourd à l’harmonie ainsi qu’à la pitié,
Insensible aux appels de la sainte amitié,
Ne sachant même pas que plus d’un sot l’envie,
De ses rêves défunts semblant porter le deuil,
Sans loisirs, sans gaîté, sans honneur, sans orgueil,
Comme un loup dans sa cage il tourne dans la vie.