Page:Chapman - Les Aspirations, 1904.djvu/185

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Qui cachent aux regards le lit des trépassés,
Il va rêver autour des tombeaux délaissés.
 
Fuyant l’éclat des cours et des apothéoses,
Il cherche au bois des nids, il cueille aux champs des roses,
Dans l’air il suit des yeux le vol des papillons,
Il regarde ondoyer les blés sur les sillons,
Il écoute la source ou le vent qui murmure.
Dans son isolement, dans sa retraite obscure,
Tout lui parle, tout parle à son esprit pensif,
Le nuage, le pré, le gouffre, le récif,
L’onde baisant la rive, et l’airain sonnant l’heure.
Pour lui le glas qui tinte est une voix qui pleure ;
Pour lui les chers défunts exhalent des sanglots
Dans les bruits éplorés des brises et des flots ;
Pour lui parlent entre eux le peuplier et l’orme ;
Pour lui le firmament est un saphir énorme
Nous cachant les jardins éblouissants du ciel,
Partout brille le doigt de l’Etre universel,
Dieu parle dans la foudre et sourit dans l’aurore ;
Pour lui les yeux éteints nous regardent encore,
La mort n’est pas la mort, rien ne saurait mourir.
C’est un fou, c’est un fou que nul ne peut guérir.