Page:Chapman - Les Aspirations, 1904.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

S’il a pu dans son cœur étouffer la vengeance
En y faisant germer la divine semence,
S’il a pu le soumettre au doux joug du Seigneur,
Il tenta vainement d’en faire un moissonneur.
Fier comme l’est toujours l’enfant de la nature,
Il voit dans le travail des champs une torture,
Il trouve humiliant de travailler toujours,
De suivre le pas lent des grands bœufs de labours
 
Qui traînent, tout fumants, le soc qui fertilise.
Libre comme l’oiseau, libre comme la brise,
Ne voyant rien delà l’immense bois mouvant
Qu’en sa course annuelle il traverse rêvant,
E n quête de gibier, en quête d’aventure,
Seul avec l’inconnu, seul avec la nature,
Il ne songe jamais, ce solitaire errant,
A fonder un foyer, à léguer en mourant
Un héritage à ceux qui doivent lui survivre,
Et des bords infinis, que le beau lac enivre,
Le conquérant des bois, des plaines et des flots
Ne veut qu’un petit coin de terre pour ses os.
Ne pouvant dominer comme un reste de haine
Pour l’homme policé qui constamment le gêne,