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à crémazie


Nos bois mystérieux et nos eaux solennelles
Captivaient ton esprit autant que tes prunelles ;
Leurs rumeurs te donnaient de suaves frissons ;
Et, comme dans l’artère un sang inaltérable,
Comme en jets débordants la sève dans l’érable,
L’amour de ton pays coulait dans tes chansons.

IV

Mais, hélas ! le destin qui poursuit le génie,
Qui fait payer si cher au barde l’harmonie
Que son luth fait pleuvoir sur le monde enchanté,
Te refusait toujours la paix que l’or assure,
Et tu souffris longtemps, dans ta retraite obscure,
Les torturants ennuis de la nécessité.

Pendant que tu disais les travaux des ancêtres,
Marins et laboureurs, trappeurs, soldats et prêtres,
Pendant que tu chantais ces immortels héros,
Pour toi se préparait la plus terrible épreuve…
Et tu partis, un soir, tu quittas le grand fleuve
Qui tant de fois t’avait balancé sur ses flots.