Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/151

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Jamais plus ; jamais plus je n’entendrai la voix
De quelque jeune fille à la marche indécise,
Tremblante, ouvrant son cœur pour la première fois,
Me soupirer des mots que l’âme divinise.

Adieu l’enfance ! adieu le clair matin des jours !
Adieu l’enchantement de la jeunesse folle !
Plus de jeux ! plus de bruits ! plus de chants ! plus d’amours !
Pour moi toutes les fleurs ont fermé leur corolle.

Pour moi l’ardent midi de la vie a passé,
Et, pâle, à l’horizon déjà le soleil baisse.
Pour moi l’astre des saints espoirs s’est éclipsé
Comme un phare devant le pilote en détresse.

Bientôt la nuit sans fin s’étendra sur mon front.
Et moi, que la vie a secoué sur sa houle,
Je voudrais, quand mes yeux mourants se fermeront,
M’en aller dormir seul, loin des flots de la foule.

Je voudrais, près des bois, le plus obscur tombeau,
À l’ombre d’un vieux chêne ou d’un vieux sycomore.
Ce rêve aussi devra s’éteindre, et nul flambeau
Ne le rallumera jamais plus. Nevermore !