Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/173

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Mais tout à coup les sons d’une cloche lointaine
S’élancent vers le ciel serein comme l’espoir ;
Et le souffle du large indolemment promène
Les suaves échos de l’angélus du soir.

Cet hymne de l’airain monte jusqu’à la nue
Qu’illumine le feu des phares de l’éther,
Et les rudes pêcheurs courbent leur tête nue
Pour saluer aussi l’Étoile de la Mer.

Avant qu’ils aient touché la plage où jase et chante
La vague harmonieuse aspergeant les cailloux,
Des femmes, la gaîté dans leur prunelle ardente,
Accourent du village au devant des époux.

Sautant dans les bateaux amarrés à la barre,
Chacune aide son homme à porter sur le pier
Ses dix drafts de morue ― une pêche assez rare ―
Qu’attend, pour les peser, le rigide overseer.

Puis, le poisson vendu, les dollars dans leurs poches,
Satisfaits, ces vaillants suivent maint sentier vert
Pour rentrer au logis, où, traînant leurs galoches,
Les vieilles sont en train de mettre le couvert.