Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/174

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Ô le frugal et gai souper dans la pénombre !
Ô l’appétit de loup !. Sur la nappe tout fond.
Le pain bis s’engloutit dans les bouches sans nombre,
La mélasse s’engouffre en des outres sans fond.

Quand chaque maisonnée a calmé sa fringale,
Quelques pêcheurs, suivis d’enfants et de vieillards,
Vont s’asseoir près de l’onde aux doux reflets d’opale,
Et sur le firmament promènent leurs regards.

Ils scrutent, du sommet calme de la falaise,
Les nuages planant comme de lourds oiseaux,
Pour savoir si demain la mer sera mauvaise,
Ou s’ils feront encor merveille sur les eaux.

Et, pendant qu’au loin tout s’efface sous les voiles
De l’ombre qui noircit les flots silencieux,
Plus d’un aïeul, fixant l’océan des étoiles,
Sent tomber sur son front la grande paix des cieux.