Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/85

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Mais jamais un instant l’espoir ne l’abandonne,
Jamais en lui le feu stoïque ne s’endort ;
Et cet homme à l’œil doux, semant partout la mort,
De ses exploits vainqueurs se fait une couronne.

Le succès l’a rendu fameux, et son renom,
Comme un aigle, vola par-dessus la frontière.
Chez nous plus d’un le craint et plus d’un le vénère.
C’est un Indien avec une âme de Breton.

La légende a noirci ce chasseur formidable,
Et, pour expliquer mieux ses razzias de gibier,
Maint villageois tout bas raconte que Loubier,
Un soir, au bord d’un lac, vendit son âme au diable.
                             ***
Cependant l’hiver s’est abattu sur les bois.
La neige jour et nuit déroule son suaire ;
Et la bise gémit comme un glas mortuaire
À travers les longs bras des arbres aux abois.

L’aspect de la forêt glacée attriste et navre
Le trappeur. Il s’y croit plus oublié, plus seul,