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précise qui ait jamais existé, capable de suivre la pensée moderne dans toutes ses complications et dans toutes ses nuances.

« Elle est à la fois la plus simple, la plus souple, la plus riche, la plus harmonieuse qui soit née sur la lèvre humaine. »

Et combien d’autres !

Il se mêle bien cependant à ce concert d’éloges quelques voix espérantistes discordantes ; je n’en citerai qu’une parce que c’est celle d’un des grands chefs, M. le Dr  Gariel, membre de l’Académie de médecine, l’un des promoteurs de la délégation, qui a été chargé de faire un cours d’espéranto au Touring-Club. Voici ce qu’il écrit :

« Je n’ai pas une grande confiance dans l’extension générale qu’il faudrait que prît l’espéranto pour être absolument utile. J’ai peine à croire qu’un langage artificiel arrive à être parlé suffisamment pour que sa connaissance soit utiles. On n’arriverait à ce résultat que si tous les gouvernements en imposaient l’étude à tous les enfants. Si cela était, l’espéranto pourrait être recommandé, mais cela n’est pas et ne serai pas de sitôt. Cependant, je le répète, il y a là une tentative intéressante qu’il peut être bon de faire connaitre. »

À cette même question : L’espéranto est-il une véritable langue ? beaucoup, au contraire, répondent sans hésiter : Non. Voici quelques-unes des appréciations que j’ai recueillies.

Pour les uns, M. Zamenhof, qu’ils regardent d’ailleurs comme un linguiste distingué, n’est en somme qu’un semeur de graines mortes, et l’agitation qui se fait autour de son œuvre n’est qu’une tempête dans un verre d’eau.

Pour d’autres, l’espéranto est un passe-temps d’érudits et de journaliste. C’est un sport à l’usage des philologues amateurs. C’est l’idiome du pays d’utopie. C’est une puérilité qui ne mérite que l’indifférence. Un jargon international. Une langue d’à peu près. Un composé hybride et hétérogène. Une corruption du provençal, une mauvais caricature de l’espagnol, la lingua provenzale massacrate. Pour l’interlocuteur de M. Laisant, ce n’est pas du latin, on dirait quelque patois des provinces du Midi (p. 23).

D’autres vont encore plus loin ; pour eux, c’est un pot-