Page:Chaptal - Élémens de chimie, 1790, Tome 1.djvu/140

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nature différente, tendent sans cesse à former des corps qui présentent une forme polièdre, constante et déterminée.

Cette belle loi de la nature, par laquelle elle imprime à toutes ses productions une figure constante et régulière, paroît avoir été ignorée des anciens ; et lorsque les Chimistes ont commencé à reconnoître que presque tous les corps du règne minéral affectoient des formes régulières, ils les ont d’abord désignées d’après la grossière ressemblance qu’on a cru appercevoir entr’elles et des corps connus : de-là les dénominations des crystaux, en tombeaux, en aiguilles, en pointes de diamans, en croix, en lames de couteau, etc.

C’est sur-tout au cél. Linné qu’on doit les premières idées précises sur ces figures géométriques : il a reconnu la constance et l’uniformité de ce caractère ; et ce cél. naturaliste a cru pouvoir en faire la base de sa méthode de classification dans le règne minéral.

M. de Romé de Lisle a été encore plus loin : il a soumis à un examen rigoureux toutes les formes, il les a décomposées, pour ainsi dire, et a cru reconnoître dans tous les crystaux des corps analogues ou identiques de simples modifications et les nuances d’une forme primitive : par ce moyen, il a ramené à quelques formes premières toutes les formes confuses et