Page:Chaptal - Élémens de chimie, 1790, Tome 1.djvu/205

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ensuite toute fonction de la part de l’organe respiratoire. J’ai eu encore occasion d’observer que ces animaux ne se réduisent point en putrilage par leur séjour dans le gaz hydrogène, comme on l’a annoncé il y a quelque temps : ce qui a pu en imposer aux Chimistes qui ont rapporté ce fait, c’est que les grenouilles s’enveloppent souvent d’une morve ou sanie qui paroît les recouvrir ; mais elles présentent les mêmes phénomènes dans tous les gaz.

Après avoir éprouvé le gaz hydrogène sur des animaux, je me suis décidé à le respirer moi-même, et j’ai vu qu’on pouvoit respirer plusieurs fois sans danger le même volume de cet air ; mais j’ai observé que ce gaz n’étoit point altéré par ces opérations, et de cela même je conclus qu’il n’est pas respirable ; car s’il l’étoit, il éprouveroit du changement dans le poumon, puisque le but de la respiration ne se borne pas à prendre et à rendre un fluide sans y rien changer ; c’est une fonction bien plus noble, bien plus intéressante, bien plus intimement liée à l’économie animale ; et nous devons regarder le poumon comme un organe qui se nourrit d’air, digère celui qu’on lui présente, retient celui qui lui est avantageux, et rejette la portion qui lui est nuisible : ainsi, si l’air inflammable peut être respiré plusieurs fois de suite, sans danger pour l’individu et sans altération ni changement pour