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mille hommes venant d’Espagne, de six mille arrivant de Nîmes et de Toulon, et d’une nombreuse artillerie. Mais elle n’existait encore que sur le papier, lorsque Chaptal arriva dans la 19e circonscription militaire. Tout manquait, les fusils, l’argent, les approvisionnements. Chaptal écrit à son fils, le 31 janvier 1814 : « Nous sommes toujours ici sans armée ; deux mille six cents hommes forment toute notre ressource. Mais c’est assez pour garantir Lyon. »

L’armée de Bubna, en effet, ne se pressait pas d’investir cette ville. Elle commençait par épuiser les départements situés entre le Rhône et Genève. « Il n’y a plus, dans l’Ain, ni bœufs, ni chevaux, ni blé, ni fourrage, ni argent[1]. »

Peu à peu, cependant, l’ennemi se rapproche, les renforts attendus n’arrivent pas ; la ville est à peu près cernée (8 février) ; mais « on l’avait mise à l’abri d’un coup de main ». Chaptal regrette, dans ses lettres, qu’on n’eût pas eu le temps d’organiser cette armée de Lyon, car « elle aurait pu faire beaucoup de mal à l’ennemi ».

Ses pouvoirs lui donnaient une autorité même sur le maréchal Augereau. Cette situation aurait pu amener des froissements. Il n’en fut rien. Mon arrière-grand-père écrit le 8 février : « Je suis

  1. Lettre au comte Chaptal, du 1er février 1814.