Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/160

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valeur qui débutaient dans les carrières administratives ou scientifiques. Son caractère intègre, sa réputation de savant, les grandes situations qu’il a occupées dans l’État, l’universelle considération qui l’entoure lui donnent dans les ministères, dans les Sociétés savantes et à la Faculté de médecine une influence « qui se dispense toujours en faveur du mérite et qui reste sourde à l’intrigue ». Velpeau et Trousseau sont assurés auprès de lui d’un appui toujours efficace. Il encourage les débuts de Flourens, en le traitant comme un membre de sa famille. Flourens, originaire des environs de Montpellier, doit à cette circonstance la faveur particulière dont il jouit. Chaptal a prévu la destinée qui sera réservée à ce jeune homme laborieux. Il a été moins heureux lorsqu’il s’est agi de Chevreul. Le « doyen des étudiants de France » s’est présenté en 1815 à l’Académie des sciences, en concurrence avec Darcet le jeune, que soutenait mon arrière-grand-père, et qui triompha[1].

Mon arrière-grand-père ne put finir ses jours dans le bonheur tranquille auquel il avait toujours aspiré. Son fils le ruina par des spéculations

  1. Chevreul n’a jamais oublié cette mésaventure. Il a conservé pour Chaptal la plus belle rancune de savant qui se puisse citer. Il avait coutume de dire, de sa voix saccadée : « M. le comte Chaptal était un mauvais homme et ne valait pas les quatre fers d’un âne. C’est grâce à lui que mon élection à l’Académie n’a pas eu lieu en 1815 et que je n’ai été nommé qu’en 1828. » La ran-