Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/224

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rôle, ait pu asservir la nation et lui ôter toute son indépendance. On peut dire de lui ce qu’on a dit successivement de tous les hommes qui ont pris part au pouvoir, pendant les périodes orageuses de la Révolution, c’est que la liberté n’était que pour eux et qu’ils pensaient que, pour faire prédominer leurs idées, il fallait comprimer ou étouffer celles des autres. Le changement de position opère seul cette métamorphose d’opinion. Quand on se trouve placé dans les rangs inférieurs, on s’efforce de tout attirer à soi, on se cabre contre l’autorité qui veut que tout fléchisse ; mais lorsque l’on est élevé au rang suprême, on s’indigne de toute résistance, on prend la moindre opposition pour des attentats à l’autorité, et on use naturellement de la force pour la réprimer. Dans l’un et l’autre cas, on s’applique à faire prédominer sa volonté, et l’on tâche de renverser tous les obstacles qui s’y opposent.