Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/253

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commandait, pour venir passer deux jours à Paris, où des affaires pressantes l’appelaient.

Nous avons dit que deux ou trois généraux avaient conservé auprès de lui une liberté de pensée et de conduite que les autres n’avaient pas. Le maréchal Lannes est néanmoins le seul qui ait gardé sa franchise et son indépendance. Passionné pour Napoléon, il n’a jamais souscrit aux caprices de son maître, il ne lui a jamais ni masqué ni caché sa manière de voir. Sur le champ de bataille comme à la Cour, il ne lui taisait aucune vérité. Aussi étaient-ils presque toujours brouillés ou plutôt en bouderie ; car le raccommodement le plus entier s’opérait à la première vue, et le maréchal le terminait presque toujours en disant avec humeur qu’il était bien à plaindre d’avoir pour cette catin une passion aussi malheureuse. L’Empereur riait de ces boutades, parce qu’il savait qu’au besoin il trouverait toujours le maréchal.

Berthier, qui vivait beaucoup plus dans son intimité et qui ne l’avait pas quitté depuis sa campagne d’Italie jusqu’à son abdication en