Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/302

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L’Empereur était convaincu que l’opiniâtreté seule gagnait souvent les batailles. Je lui ai entendu raconter qu’il s’était battu avec le général Alvinzy pendant cinq jours consécutifs, sans qu’il y eût ni perte ni avantage d’aucune part. « Comme j’étais, disait-il, plus jeune que lui et plus entêté, je ne doutais pas qu’il ne finît par me céder le terrain, et je ne tenais plus que dans cette persuasion. Le cinquième jour, à cinq heures du soir, il se décida à ordonner la retraite. » L’Empereur disait souvent avec complaisance que ce général Alvinzy était le meilleur capitaine qu’il eût eu à combattre, et que c’était pour cela qu’il n’en avait jamais dit ni bien ni mal dans les bulletins, tandis qu’il avait fait l’éloge de Beaulieu, de Wurmser et du prince Charles, qu’il ne craignait pas.

Un ennemi intimidé, disait-il, fait tous les sacrifices qu’on lui demande. « Après avoir battu Beaulieu, à mon entrée en Italie, le Piémont se trouva découvert, la consternation devint générale. Il m’eût fallu six mois