Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/384

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l’Empereur me prit à part pour causer avec moi.

« Qu’y a-t-il de nouveau dans les sciences ? » me dit-il.

« — Rien, lui répondis-je, et si M. de Humboldt n’imprimait ses voyages dans l’Amérique méridionale, nous serions dans une stagnation complète. »

« — Ces ouvrages sont donc bien importants, bien importants ? » repartit-il.

« — Ils ne sauraient l’être davantage, ajoutai-je. M. de Humboldt possède toutes les sciences, et lorsqu’il voyage, c’est toute l’Académie des sciences qui marche. On ne peut que s’étonner de ce que, dans trois ans, il a pu recueillir tous les matériaux qu’il met en œuvre à Paris. Et puis, il a adopté notre patrie. Il publie dans notre langue, il emploie nos graveurs, nos dessinateurs, nos imprimeurs. »

« — Ne s’occupe-t-il pas aussi de politique ? »

« — Sa réputation l’a lié avec tous les étrangers, qui le recherchent, mais je ne l’ai jamais vu s’entretenir que de sciences. »