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par les leçons d’une expérience journalière : les colléges, que cette société multiplia sur tous les points de la France, présentaient par-tout des moyens faciles à tous ceux qui voulaient s’instruire ; et de tous ces foyers d’étude et de lumière, on vit sortir cette étonnante génération d’hommes éclairés qui a mérité à son siècle le nom du siècle des talens et des lumières.

Les jésuites ne sentirent que trop alors tout ce qu’ils pouvaient entreprendre sur l’esprit de leurs contemporains ; au lieu de se borner à les éclairer, ils aspirèrent à les asservir : peu satisfaits d’instruire la jeunesse, ils voulurent gouverner l’État ; et leur empire s’établissait insensiblement sur deux bases qui paraissaient inébranlables : d’un côté, sur le pouvoir que donne le privilége de l’enseignement ; de l’autre, sur le respect magique qu’inspirent aux familles les prêtres dépositaires de leurs secrets. Cette ambition démesurée préparait de loin une chute qui ne fut retardée que par le sentiment qu’on avait encore de leur utilité réelle, et par l’influence qu’ils exerçaient sur l’opinion publique.

Néanmoins, leur destruction devenait, de jour en jour, moins dangereuse pour