Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/36

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Il ne savait plus pourquoi il avait commencé à écrire. Pourtant, il était certain que ce goût datait d’avant sa première rencontre avec un grand écrivain. Il fréquentait encore l’école publique. Un jour, au retour d’une promenade où il avait été témoin d’un vol de sac à main, il avait tenté de rendre ce qu’il venait de voir, assis devant une table improvisée dans sa chambre.

Même après tant d’années, il ne pouvait évoquer sans tristesse le visage de sa mère quand, pour une incartade, elle l’excluait de son amitié. Le Dieu de ses parents était, comme eux-mêmes, inexorable. Les années n’avaient pas rapproché Georges de sa mère comme cela s’était produit pour M. Hautecroix. Il avait compris son père une fois séparé de lui, libéré de son emprise. Quand il était là, son assurance presque inhumaine empêchait qu’on ne vît la complexité de l’homme, ses côtés attachants.

Un jour, M. Hautecroix ne s’était-il pas avisé d’adopter une fillette. Il avait déjà six enfants, mais les aînés se débrouillaient. Il revint un soir à la maison avec la fille d’une cousine éloignée, âgée de neuf ans. Il avait des idées bien personnelles sur l’éducation des filles. Et tout d’abord, elles devaient se mon-