Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/70

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Ce mouvement d’humeur de la part d’un écrivain arrivé, qui avait sûrement été interviewé des centaines de fois dans sa carrière surprenait le jeune homme, mais il le rassurait également. Georges Hautecroix était donc humain lui aussi !

— Et puis, continua l’écrivain, tout cela est si loin de la terre. À vingt ans, on se laisse parfois hypnotiser par l’abstrait. La vérité, croyez-moi, n’est pas là. Nées d’une expérience humaine, les idées meurent quand on les en sépare.

Mayron, qui savait écouter, parut éminemment sympathique à son hôte. Spirituel et primesautier, l’intérêt que lui portait l’écrivain le stimulait. On avait plaisir à discuter avec lui. Il était en effet d’à peu près tout ce qui se faisait d’important chez les jeunes. Peut-être à la rigueur pouvait-il paraître un peu trop volontaire, et présomptueux. Mais on excusait ces défauts aussitôt imputés à sa grande jeunesse. Il ressemblait au garçon que son oncle Lucien Guilloux avait été à cet âge. Rien ne l’arrêtait non plus et il savait se passionner pour tout.

Les invités arrivaient. Le mot de garden-party était un peu prétentieux pour ce genre