Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/126

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bleau, la hideur de tout cela m’avait frappé d’écœurement. J’avais la sensation d’avoir les jambes coupées. Peu après, le rideau descendit sur le premier acte et mit fin au sortilège. Je n’éprouvais aucun remords d’être là, mais seulement un malaise analogue à celui que doit éprouver un homme en s’apercevant tout à coup qu’il a mis dans sa poche, par distraction, de l’argent appartenant à un autre. Il me semblait que jusque-là, il ne s’était rien passé ; ma décision allait donner toute sa portée à mon acte. Je m’étais levé en titubant sous la force de l’émotion et m’étais dirigé vers la sortie. Au dehors, la joie avait gonflé ma poitrine.


J’allumai une cigarette et dépassai le bureau de Bonneville. Je n’aurais pas pu lui parler. D’ailleurs, il devait être chez Armande, où j’avais également été invité à prendre le thé.

— Bonneville sera là, m’avait-elle dit, vous discuterez de littérature.

Cette dernière phrase avait détruit tout le plaisir que son invitation m’avait causé.