Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/15

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lescence, sont inscrits au fond de mon cœur. Mais la raison a d’autres exigences. Je souffre de ne pouvoir être fier d’une ville où la société est plus compartimentée que dans les romans les plus snobs, où l’esprit et l’éducation sont l’apanage exclusif de quelques familles, en un mot d’une ville qui jouit à l’extérieur d’une réputation méritée de vulgarité.

Au premier contact avec les jeunes gens de la capitale, je me sentais rougir de nos habitudes, de la mesquinerie de nos idées et même de notre conception de la politesse.

À l’université, quand je rencontrais des camarades qui avaient gardé un mauvais souvenir de Fontile, nous avions l’impression de nous rejoindre sur un plan supérieur d’où nous jugions cruellement nos concitoyens. L’esprit de dénigrement qui se faisait jour dans nos propos était commun à toute la génération qui avait reçu son éducation à l’extérieur. C’est que Fontile n’a pas un passé dont elle peut s’enorgueillir. Ses pionniers : des traitants, des fabricants et des cabaretiers, fondèrent ce poste pour dépouiller au