Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/188

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La distribution se poursuivit, au milieu d’un désordre indescriptible. J’avais pris la charge d’un comptoir de charcuterie, mais c’était un poste de spectateur. Les gens se servaient eux-mêmes, s’arrachaient les morceaux des mains. Parfois une femme ou une fillette, plus timide, me présentait, à bout de bras, un vieux sac. J’y jetais un morceau de viande et des saucissons.

Les provisions continuaient d’arriver en grandes quantités. Il fallut cacher une vingtaine de gâteaux envoyés par une Anglaise et accompagnés de sa carte. Quelques-uns, ignorant les besoins, apportaient des piles de vêtements. Nous ne savions comment en disposer.

Vers quatre heures, il ne restait plus dans la salle que des vieillards et des enfants. Nous leur partageâmes généreusement les restes.

Depuis quelques minutes, le curé était descendu. D’un œil judicieux, il évaluait les dommages. Ceux-ci n’étaient pas considérables : quelques chaises écrasées ; la rampe du petit escalier de la scène avait cédé et gisait dans un