Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/192

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Je ne m’appartenais plus. Dès le matin, Vaillant me remettait un agenda, minutieusement étudié. Le soir, avec mes principaux collaborateurs, j’élaborais un programme. Enfin, Vaillant se rendit dans la capitale avec Chamel pour me ménager une entrevue avec le chef du parti. Cette entrevue refroidit mon ardeur. Chamel et Vaillant paraissaient enchantés de tout. Selon eux, j’étais agréé, je serais choisi haut la main au congrès. Rien ne pouvait plus empêcher mon élection. Ce manque de psychologie de mes lieutenants m’effraya bien un peu. Mais, après tout, ils avaient fait d’autres campagnes. Ils connaissaient leur métier.

Pendant quelques jours, je crus vraiment possible de changer le monde. J’étais redevenu un adolescent. Je retrouvais le feu de mes discussions littéraires avec Georges, mais cette fois je me passionnais pour un objet concret. Mon dévouement servait une cause aussi grande que l’humanité.

Encouragé par mes amis je devenais un orateur recherché.