Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/37

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un événement d’importance qu’on veut tenir secret.

Après cette aventure, Thérèse ne fut plus la même. Elle se croyait en butte aux calomnies des gens et faisait des prodiges pour épier les conversations. La maison était séparée des communs par un corridor ouvrant sur la cour du côté de l’entrepôt. L’ombre de ce corridor servait son dessein. Elle s’avançait à pas feutrés et tentait de surprendre ce qu’on disait d’elle. Elle pleurait quelques minutes dans la cuisine et faisait son entrée les paupières rougies.


Jusqu’au jour de mon entrée à l’école, je vécus dans les jupes des femmes. Thérèse et ma tante Léonie me servaient d’intermédiaires avec le monde. Mes premiers contacts avec mes semblables furent désastreux. Je fus brimé et, ne pouvant m’en prendre qu’à moi-même, je perdis pour quelque temps le goût de la vie.

À l’école, où on m’avait mis externe, les élèves achetaient eux-mêmes leurs livres. Je me rendis donc à la librairie Chaville. Peut-être ne