Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/44

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silencieusement notre marche. Ces rêves qui allumaient nos joues, nous les vivions dans leur plénitude. Si j’ai quelque chose à regretter de cette époque ce ne sont sûrement pas ces promenades à demi nocturnes, qui étaient comme une oasis dans ma vie tourmentée. Au moment de la séparation, j’éprouvais la sensation d’un arrachement définitif.

Le soir, je pensais à tout ce que j’aurais pu faire de ces heures qui se pressaient. Je n’avais pas encore fixé mon choix d’une profession, ne me sentant aucun attrait pour celles que je voyais exercer par mes parents ou leurs amis. J’étais effrayé de la fuite du temps, je n’étais heureux que durant nos discussions. Ces jours qui me dépossédaient, rien ne pourrait les remplacer ; rien ne me rendrait cette treizième année ! Demain, je voudrais rappeler ces fêtes promises, il serait trop tard et pourtant, je ne faisais rien pour retenir la vie, je me laissais déposséder sans y prendre garde.

Ces pensées inexprimées, ces sentiments que j’évitais de préciser par dégoût de m’engager,