Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/73

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avec ma grand’mère, et relégué dans la partie inhabitée, située au-dessus des entrepôts. Il se levait la nuit et, par malice, disait ma grand’mère, il traversait toute la maison en geignant. De ma chambre, j’entendais ses gémissements et ses suffocations. Le matin, il se confondait en excuses et en explications, mais il récidivait le soir même. Il dormait tout le jour et ne sortait de ses quartiers que la nuit. À cause de lui on ne pouvait plus garder de bonnes. « Il nous fera tous mourir », disait ma belle-mère. Cependant elle évitait de se mêler à la querelle. Dans sa famille, la vieillesse était sainte. Gustave Aquinault, du vivant de son père, ne recevait jamais lui-même. Il laissait cet honneur au vieillard et, bien qu’il fût député, il ne voulait pas qu’on l’appelle monsieur devant celui-ci.

Dans la conversation de mon grand-père revenaient sans cesse comme un leit-motiv les mots hôpital et hospice. L’esprit était atteint. Il aurait eu besoin d’affectueuse compréhension et ne trouvait autour de lui que des visages irrités ou indifférents. Le lendemain de mon arrivée, à