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DES PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN.

d’une grandeur de tête ; son pied est long comme l’espace du commencement du front jusqu’à la bouche, et la grosseur de son genou est égale à la distance de l’œil au menton. Suë (dans sa Physiognononie des corps vivants) place au nombril la moitié du corps de l’enfant qui se divise en quatre parties égales : la première, du sommet de la tête au bas du corps ; la seconde, du cou au nombril ; la troisième, du nombril au-dessus du genou ; la quatrième, de ce point à la plante des pieds. »

Ce sont là les règles des proportions du corps humain, telles qu’on les enseigne dans les livres, depuis la Renaissance, qui n’a guère fait que reprendre et détailler les mesures de Vitruve.

Mais, les méthodes de Vitruve étant vicieuses, il importait d’en chercher de nouvelles, ou plutôt de retrouver les anciennes, celles que Diodore avait mal connues, puisqu’il était démontré par les plus belles statues que les sculpteurs antiques n’avaient point suivi les proportions qu’enseigne Vitruve. Tel a été l’objet de nos longues et laborieuses recherches. D’une part, si la face commence à la racine des cheveux et se termine à l’extrémité du menton, sa longueur est par cela même variable, puisque le front est plus bas dans la jeunesse que dans l’âge mûr, et qu’il finit dans la vieillesse par se confondre avec la partie postérieure du crâne. D’autre part, le nez, étant composé d’os et de cartilages, ne saurait être une mesure bien précise, parce que la racine n’en est point nettement indiquée. Il fallait donc choisir, pour mesurer la figure humaine, une autre unité que le tiers du visage, aussi incertain dans sa longueur que le visage lui-même.

Les anatomistes, et notamment Chrysostome Martinez (dans le texte de ses belles planches anatomiques), nous apprennent que, de tous les os de l’homme, ceux de la main sont les seuls qui croissent toujours dans la même proportion, de sorte que, depuis l’enfance jusqu’à la virilité, la main garde constamment le même rapport de longueur avec l’ensemble du corps. Cette observation a été pour nous un liai ! de lumière. Si les os de la main conservaient avec le corps une relation invariable, il était à présumer que les prêtres de l’antique Égypte, qui connaissaient si profondément les lois de la nature, avaient choisi leur unité de mesure dans la main. Et cela était d’autant plus vraisemblable que la main, regardée de tout temps comme l’image du caractère moral, comme l’interprète immédiat de l’âme avait une importance philosophique dans la science mystérieuse d’Hermès. Cependant, la main étant trop grande pour servir de diviseur à tous les membres, on pouvait croire que l’un des cinq doigts était l’unité de mesure, et, dans ce cas, c’était le médius qui avait dû être choisi, parce que le médius était, pour les initiés au symbolisme antique, le doigt de la destinée, comme il est pour les chiromanciens, originaires de l’Égypte, le doigt de Saturne. Ce pressentiment nous guidait lorsqu’on nous a montré, sur notre