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DES PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN.

qui est de la distance du nombril aux pectoraux, si elle est moindre dans les marbres athéniens que dans la sculpture égyptienne, c’est que les Grecs, habiles à perfectionner les inventions du dehors, en modifiant avec un goût exquis la rigidité du canon qui leur venait d’une race svelte et mince, ont voulu agrandir la poitrine aux dépens des viscères de l’abdomen, et ménager ainsi sur les parties nobles un plus large plan de lumière.

Tel est le fruit de nos recherches. D’autres avaient dessiné des figures dans lesquelles était marqué le canon égyptien, mais nous avons donné l’explication et la preuve de ce qu’ils avaient rencontré. D’autres avaient lu le texte de Galien, relatif à Polyclète, mais sans y voir l’enseignement précieux qui en ressortait. Or une véritté appartient à celui qui la prouve au moins autant qu’à celui qui la trouve.

La clef des proportions de l’homme une fois reconnue dans le médius.


l’analogie nous conduisait à chercher dans ses phalanges les petites mesures, celles de la face, par exemple, mais c’est l’index qui les contient. Le Vénitien Paolo Pino, en son Dialogo di Pittura observe que du bout de l’index à la phalange moyenne, il y a la même distance que du menton à l’ouverture des lèvres, et que cette longueur mesure également la bouche et les oreilles. La phalange onguéale de l’index détermine la longueur des yeux, et par conséquent la distance qui les séj)are, puisque cette distance doit être égale à un œil. Mais c’est le médius, et non plus l’index, qui précise l’intervalle entre le nez et l’oreille[1] .

Il faut croire que ces rapports étaient connus des Égyptiens, car on trouve dans toutes les collections d’antiquités égyptiennes, et notamment

  1. Le présent livre étant destiné à l’enseignement et devant être, autant que possible, clair, simple et court, nous n’avons pas voulu l’embarrasser de citations, le compliquer de notes et de renvois. Toutefois nous donnerons à la fin de l’ouvrage la liste de tous les auteurs que nous avons consultés, en signalant ceux qui nous ont servi ou qui pourraient servir aux autres. Cette liste, comprise dans la table des matières, sera une bibliographie des arts du dessin, incomplète sans doute, mais de choix, et elle ajoutera une utilité de plus à cette Grammaire.