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J’ajoute que l’ancienne route de Zanzibar, qui a été si funeste à nos premiers missionnaires, peut être désormais remplacée pour arriver aux hauts plateaux par une route plus courte et plus commode. Par le fleuve Zambèze et son affluent le Chiré, on parvient sur des bateaux, sans fatigue et sans forêts fiévreuses jusqu’au nord du lac Nyassa et une fois là on est sur le plateau même du Tanganika, où l’air est pur, le climat tempéré, la route unie, et voilà pourquoi, la perte d’une partie des hommes ne menaçant plus, comme par le passé, les voyageurs européens, on peut se borner, pour commencer, à un nombre suffisant pour tenir tête, avec le concours des noirs chrétiens, aux esclavagistes arabes ou métis de cette région spéciale qui, à coup sûr, n’atteignent pas cent et ne peuvent rien que par les noirs qu’ils enrôlent.

Mais le dévouement de nos volontaires chrétiens restant libre et n’ayant point de relations avec l’État, en dehors de l’obéissance aux lois, que celui-ci jugera convenable d’établir, et à son autorité souveraine, les volontaires ne recevront rien de lui. D’autre part, votre Roi ne peut, sans imprudence et sans injustice pour les siens, rien ajouter à ce qu’il a personnellement fait déjà. Ils devront donc tout recevoir des chrétiens, et c’est là que je vous demande, pour réparer dignement le sommeil du passé, de vous associer tous, généreusement, catholiques belges, à une si noble entreprise.

C’est vous, qui devez, en ce moment, fournir ce qui sera nécessaire à ces croisés de la miséricorde et de la piété. J’ouvre, aujourd’hui même, une souscription générale du haut de cette chaire et je m’inscris en tête, malgré ma pauvreté, en ma qualité de pasteur. Je vais, en descendant, remettre mon offrande à M. le curé de Sainte-Gudule. Je fais un appel spécial à vos journaux en leur demandant d’inscrire dans leurs colonnes, lorsque le moment sera venu, les noms de tous les souscripteurs. Ce sera comme le livre d’or de cette croisade nouvelle. On retrouve aujourd’hui, avec orgueil, sur le marbre ou dans nos histoires, les noms des anciens croisés. Vos descendants liront, un jour, avec la même joie, les noms de ces croisés nouveaux.